Démondialiser ?

Publié le par Europe Ecologie-Les Verts Hautes-Pyrénées

 

Démondialiser ? Non !

Relocaliser et démocratiser !

Répartir plus justement la richesse nationale !

 

Dans le débat qui s'annonce pour 2012 sur les effets de la mondialisation, il importe de clarifier les enjeux et les solutions. L'usage des mots n'est pas insignifiant : le slogan frappe et raccourcit, mais il introduit l'ambigüité et nourrit les incompréhensions et les malentendus.

Ainsi, en titrant son livre de campagne « Votez pour la démondialisation ! », Arnaud Montebourg, tout en posant un vrai débat, a-t-il pris le risque d'une dangereuse assimilation aux pulsions nationalistes, xénophobes et sécuritaires de l'extrême-droite.

De même, Jacques Nikonoff, apôtre de gauche de la « sortie de l'euro » : pointer les problèmes posés par l'absence de démocratie européenne ne signifie pas que le repli sur la souveraineté nationale soit la solution, si celui-ci s'accompagne d'un encouragement donné à ces pulsions xénophobes et racistes.

 

Face à l'émergence du slogan “démondialiser”*, les social-démocrates défenseurs d'une “mondialisation régulée” sont montés au créneau : Zaki Laïdi dans ”Le Monde du 30-6, Pascal Lamy dans “Le Monde” du 1er-7, fustigent tous deux le mot et le protectionnisme commercial qu'il implique.

Ils ont beau jeu de démontrer que l'imbrication internationale des processus de fabrication interdit toute mesure brutale et simpliste de protection aux frontières : “Tout le monde s'imagine que le commerce s'effectue entre des Etats, alors qu'en réalité il s'effectue d'abord et avant tout entre des entreprises et leurs filiales. Il n'y a pratiquement plus de produits fabriqués dans un pays et achetés dans un autre.(...)  (Ainsi) beaucoup de sous-traitants français profitent de la fabrication de Boeing, tandis que beaucoup de sous-traitants américains profitent de la fabrication d'Airbus ! En achetant plus d'Airbus, on ne protège pas nécessairement plus l'emploi européen.» (Zaki Laïdi)

Pour autant, leur argumentation n'est que globale et tendancielle : elle ne répond pas aux problèmes locaux et immédiats que rencontrent des salariés licenciés pour cause de « délocalisation » ou de compression des frais pour augmenter les dividendes des actionnaires.

 

Par ailleurs le slogan « démondialiser » ne se situe pas sur le seul plan des mesures commerciales protectionnistes.

Il inclut également l'idée de la « sortie de l'euro », nourrie par la cure d'austérité imposée à la Grèce, à l'Espagne et au Portugal en échange d'une « solidarité » financière qui a pour effet de ruiner les classes populaires de ces pays.

Amartya Sen (« Le Monde », 3-4 juillet), prix Nobel d'économie, s'insurge contre cette décision absurde d'avoir créé une monnaie unique sans autorité politique correspondante : il rejoint en cela tous les fédéralistes européens anciens...et récents, qui se multiplient depuis quelques mois. Mais leur audience croissante sera-t-elle suffisante pour peser dans les débats et élections nationales ?

C'est ce que ne croient pas nos « eurosceptiques de gauche » partisans de la sortie de l'euro. Mais ce faisant, comment ne voient-ils pas qu'ils seront, et qu'ils sont déjà, débordés et dépassés par les nationalistes d'extrême-droite ?

 

Face à ces deux impasses que constituent l'insuffisante régulation financière, sociale et environnementale de la mondialisation et l'absence de démocratie européenne, la seule voie progressiste consiste à promouvoir un développement économique basé sur la relocalisation d'un maximum d'activités d'une part, et à peser politiquement en faveur d'un vrai pouvoir démocratique à la fois local, national et européend'autre part.

 

Reste les problèmes immédiats de nos concitoyens directement frappés par les licenciements et les mesures d'austérité. Pour y répondre, une politique de juste partage des richesses s'impose : il importe de réhabiliter l'impôt et de restaurer la justice fiscale d'une part, de relancer une protection sociale efficace en redistribuant plus justement la richesse d'autre part.

 

Les écologistes sont à la fois les partisans d'une autre économie plus sobre et non fondée sur la consommation à outrance, et d'une justice sociale qui assure à chacun dignité et vie décente.

Cela passe par un effort démocratique : que chaque citoyen s'empare de ces enjeux et les fassent siens.

 

Henri LOURDOU, le 3 juillet 2011.

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* Voir “Alternatives économiques” de juin 2011 : Dossier “Mondialisation : le début de la fin ?” et “Le Nouvel Observateur” 23 juin : “Faut-il démondialiser ?”et 30 juin : “7 questions sur la démondialisation”.

Publié dans politique nationale

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B
<br /> « La seule voie progressiste consiste à promouvoir un développement économique basé sur la relocalisation d'un maximum d'activités d'une part, et à peser politiquement en faveur d'un vrai pouvoir<br /> démocratique à la fois local, national et européen d'autre part ».<br /> --------------------------------<br /> Nous sommes d’accord sur ce point, mais en clair, comment voudriez-vous procéder ? Les subventions publiques coûtent cher et se trouvent elles-mêmes dénoncées par les partisans de la<br /> mondialisation. Je ne vois pas d’autre solution que celle longtemps utilisée par tous les pays du monde, qui consiste à fixer des taxes douanières. La démondialisation à mon sens repose sur une<br /> nécessité d’un rééquilibrage régional entre consommation et production (assurant l’emploi). Le but premier des douanes est de pousser les entreprises à venir produire sur le marché qu’elles veulent<br /> conquérir. Aussi au sein d’un même cadre fiscal et social, la concurrence redevient plus loyale.<br /> Quoi qu'en disent les actionnaires, je préférais voir s'implanter en Europe 10 usines de tailles moyennes réparties sur différentes régions, plutôt qu'une seule géante.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> «le risque d’une dangereuse assimilation aux pulsions nationalistes, xénophobes et sécuritaires de l'extrême-droite. »<br /> Appelez ça « décentralisation de l’économie » si le terme de démondialisation de vous plait pas. Mais lorsque l’économie est laissée à la dérive et se soumet aux grandes puissances financières et à<br /> la versatilité des marchés, on ne peut pas véritablement parler d’économie centralisée mais plutôt de mondialisation ultra-libérale.<br /> L’idée selon laquelle la reprise en main par les états de la politique économique, évitant de s’abandonner à la loi du marché est une démarche xénophobe et raciste ne tiens plus. Elle met<br /> aujourd’hui en doute la bonne fois de ceux qui en abusent. L’expérience montre qu’il y a des modes de coopération bien plus productifs que le libre-échange.<br /> <br /> <br />
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