Non intervention et nouvelle Retirada en Syrie : accueillons les réfugiés !

Publié le par Europe Ecologie-Les Verts Hautes-Pyrénées

Non intervention et nouvelle Retirada en Syrie :

Accueillons les réfugiés !

Comment ne pas évoquer l'amer souvenir de 1936-39, face à ce qui se passe en ce moment en Syrie ?

Certes la situation est plus compliquée (en apparence...) : le peuple syrien est confronté à deux monstres, le régime national-socialiste (ce mot n'est pas choisi au hasard) de Bachar El-Assad, et le pseudo-califat islamo-fasciste de Daech.

Coincés entre ces deux ennemis, les combattants de l'Armée Syrienne Libre qui résistent depuis 4 ans à Alep sont en train de perdre la bataille : "le Monde" fait état d'un début de sauve qui peut.

C'est le résultat tragique d'une politique occidentale de non-intervention, qui, comme en 1936-39 en Espagne, permet au régime de bénéficier du plein soutien militaire de ses alliés, russes et iraniens, alors que l'Arabie Saoudite, la Turquie sont déconsidérées par leur complaisance vis-à-vis de Daech.

Aujourd'hui nous devons assumer les conséquences des atermoiements de nos dirigeants.

La priorité absolue est l'accueil digne et ouvert des réfugiés : aucun marchandage avec la Turquie déjà chargée de 2,5 millions de réfugiés ne saurait justifier la fermeture de nos frontières ! Les milliers de petits Aylan qui se préparent sous nos yeux, en plus de ceux qui ont déjà morts dans l'indifférence médiatique, doivent toucher toutes le s consciences.

Aucune arrière-pensée électorale ne saurait justifier l'inhumanité : la France doit enfin prendre sa part de la misère du monde !

La honte de Calais ne suffit-elle pas à nos dirigeants ?

Contexte : comment se situe la vague migratoire actuelle ?

L'histoire de l'immigration en France est ancienne (depuis la fin du XIXe) et s'est toujours passée difficilement : première génération rejetée et discriminée, seconde génération intégrée et troisième génération assimilée. Ce qui coince depuis les années 80, c'est l'origine coloniale et le caractère "visible" des nouveaux arrivants.

Cela suppose un effort particulier de mobilisation antiraciste et de réconciliation des mémoires à propos notamment des colonies (entendre enfin le point de vue des colonisés et l'intégrer dans la mémoire nationale, comme le demande Benjamin Stora à propos de l'Algérie); ne pas céder aux amalgames islamophobes et racistes en raison des attentats islamo-fascistes et des récentes agressions sexistes de Cologne.

La France et l'Europe ne sont pas aujourd'hui touchées par une grande vague migratoire, mais par une crise humanitaire de réfugiés dans le cadre d'un monde de plus en plus mobile.

Sur 240 millions de migrants dans le monde, seuls 40 millions ont quitté un pays du "Sud" pour un pays du "Nord", les autres émigrent vers des pays voisins : 80 millions d'un pays du "Sud" vers un autre pays du "Sud", 60 millions d'un pays du "Nord" vers un autre pays du "Nord".

Sur 60 millions de réfugiés recensés par le HCR (Onu), 30 millions sont des réfugiés "internes" qui se sont déplacés à l'interieur de leur pays.

Aujourd'hui, la crise humanitaire qui atteint l'Europe provient de deux sources : l'Afrique (continent qui aujourd'hui bouge le plus : Sahel et Corne de l'Afrique) à travers la Libye et la Méditerranée; le Moyen Orient (et singulièrement la Syrie) à travers la Turquie et la Méditerranée.

Pour ce qui concerne la Syrie : sur 23 millions d'habitants, elle compte aujourd'hui 11,5 millions de réfugiés : 7 millions de déplacés internes et 4,5 millions d'exilés, dont 2 à 2,5 millions en Turquie, et environ 1 million au Liban et en Jordanie, deux pays qui comptent 25% de réfugiés.

C'est la décision implicite de la Turquie de laisser partir une partie de ses réfugiés en Europe au printemps 2015 qui a provoqué la crise humanitaire toujours en cours, avec l'afflux d'1 million de personnes en quelques mois.

Ceci se passe dans le cadre d'un monde de plus en plus mobile : le nombre de touristes internationaux a dépassé depuis peu le nombre d'1 milliard par an (il y en avait 25 millions en 1950).

La France est largement à l'écart de cette crise : elle ne prend pas "toute sa part".

Malgré l'augmentation en 2015 du nombre de demande d'asile de 22%, elle est très loin des 60 à 80% des autres grands pays d'accueil; de plus son taux d'acceptation des demandes est plus bas qu'ailleurs.

La nouvelle loi asile comme la circulaire Valls de régularisation des déboutés sont loin de combler ce retard à l'accueil de notre pays : lenteur des procédures, insuffisance des hébergements par sous-budgétisation chronique. Sans parler du climat favorable aux idées d'extrême-droite entretenu par le gouvernement.

Une mobilisation citoyenne est nécessaire pour faire cesser ce scandale : à commencer par celui de la "jungle" de Calais, dénoncée par toutes les instances administratives et de contrôle en plus des ONG de défense des droits humains.

Mais aussi pour exiger une contribution juste de la France au traitement de la crise humanitaire en cours.

Publié dans politique nationale

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